A peine j'ouvre les yeux; un film miroir de la Tunisie avant la révolution

Le film « à peine j’ouvre les yeux » est le premier long-métrage de Leyla Bouzid, une jeune réalisatrice tunisienne, qui lui a vallu plus de 24 prix dans de grands festivals

C’est un film miroir de l’avant révolution de la Tunisie qui accuse le régime dictatorial et les interdits du pays. Le film débute durant l’été 2010 ; Farah une jeune fille de 18 ans après avoir eue son bac se consacre pleinement au groupe engagé dans lequel elle est chanteuse. Derrière un rythme qui se veut tantôt endiablé, tantôt hypnotique, se cache des textes dénonciateur de la misère et accusant ouvertement le gouvernement. Pendant cette période la liberté d’expression en Tunisie est inexistante, beaucoup d’artistes sont en conséquence enfermés pour s’être exprimé.

On observe par ailleurs le "travail" désastreux des forces de l’ordre tunisiennes sous la présidence de Ben Ali que Leyla Bouzid accuse explicitement, en effet lorsque Farah est kidnappée au poste de police, ils la violentent, l'injurient et vont jusqu’aux attouchements. Dans ce long-métrage L. Bouzid retranscrit tout d’abord la confrontation des jeunes tunisiens avec leur famille : l'héroïne de ce film est une jeune femme avide de liberté et qui se détache petit à petit de l'autorité parentale. On la suit dans son émancipation, dans sa recherche de soi mais on peut également voir dans ce long métrage le regard d'une mère protectrice et inquiète. "A peine j'ouvre les yeux" évoque également les relations amoureuses avec une forme de passion qui se fait autant charnel que sentimentale. Il dépeint cependant d'autre part la société tunisenne, critique le système même du pays et nous montre la difficulté qu'ont les jeunes de s'exprimer face à un Etat prônant la censure. C’est d’ailleurs ce qui leur provoque un sentiment d’étouffement et brime leur énergie. Nous observons dans ce film le processus de destruction de leurs espoirs, de leurs rêves, en effet au début du film Farah est enthousiaste et son idéalisme et ses rêves presque utopiques l'empêche de se rendre compte des dangers qui peuvent lui arriver en chantant de telles réalités sur la Tunisie. Petit à petit elle se rendra compte des conséquences terribles qu'engendre l'art engagé. Sa « convocation » au poste de police mais aussi le moment où la salle de concert ferme pour des raisons absurdes et est surveillée par les agents afin que le groupe ne puisse jouer lui feront ouvrir les yeux à propos de l'hypocrisie dans la Tunisie de Ben Ali.

C’est un des rares films tunisien à évoquer des scènes à caractère sexuel entre deux jeunes adultes, elles sont à elles seules une lutte contre l’obscurantisme de part le fait que la réalisatrice fasse référence à une sexualité omniprésente mais souvent niée et non assumée par la population tunisienne.

« A peine j’ouvre les yeux » révèle le monde des artistes engagés qui restaient dans l’obscurité sous la gouvernance de Ben Ali et évoque surtout leur l’énergie étouffé par la censure durant les derniers mois avant que la révolution éclate. L. Bouzid a voulu être juste et franche par rapport à l’état de la Tunisie en 2010. Mais derrière ce côté accusateur, se cache également la représentation des relations amoureuses, amicale et humaines simplement, le tout avec une passion mêlé à une douceur qui ne rendent ce film que plus beau et émouvant.

Nous avons eu la chance, suite à cet article, de pouvoir contacter Leyla Bouzid par mail. Malheureusement elle n'a pas pu répondre à nos questions par manque de temps. Voila son mail réponse : 

"Bonsoir Aridge, 

 
Je suis dans une tournée au nord de la France et je n'ai absolument  pas le temps (malheureusement) de répondre a vos questions. Je n'ai accès à internet que depuis le téléphone et pas d'ordi...Je vous invite à lire /télécharger de dossier de presse se trouvant sur le site de shellac (il est en bas de la page du film). Il y a déjà des réponses à certaines de vos questions. Par ailleurs, je crois qu'il y a beaucoup de choses sur internet. Je vous laisse faire le lien avec votre sujet d'étude, et peut être faire une itw téléphonique avec le producteur du film Imed Marzouk qui est à Tunis. Votre père doit avoir son numéro. Bien cordialement, Leyla"
 
 

Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=oWX2o9-MZbc

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