Caricature de Nadia KHIARI, Willis From Tunis, faite le 19 Janvier 2011

Caricature de Nadia KHIARI, Willis From Tunis, faite le 19 Janvier 2011

L’art tunisien face à la censure d’un régime politique dictatorial, son omniprésence durant la révolution, son combat acharné contre la montée du parti islamique et sa réponse au terrorisme.

Une lutte acharnée de l’art contre la dictature et sa pleine participation à la révolution tunisienne.

Outre son but purement esthétique, l’art, sous toutes ses formes est également utilisé afin de diffuser des opinions et des idéaux majoritairement sociopolitiques, implicitement ou non. Il a notamment été omniprésent dans les révolutions arabes et a contribué au changement et à l’éveil de conscience de toute une génération. Le « Printemps Arabe » a été en effet engendré non seulement par l’exaspération du peuple mais également par les artistes dont le sujet principal des œuvres fut la critique d’une société réactionnaire prônant l’obscurantisme et dont le dessein est de mettre à nu un gouvernement tyrannique. La Tunisie est le chef de fil de ce mouvement révolutionnaire dont l’élément déclencheur a été l’immolation d’un jeune tunisien, néanmoins les artistes s’étaient déjà attaqués au sujet sensible de l’abus de pouvoir des hommes d’Etat, particulièrement au dudit président Zine el-Abidine Ben Ali et à sa femme Leïla Trabelsi (La Régente de Carthage – Nicolas Beau). La révolution ayant débuté le 14 janvier 2011, suite au coup d’état du dictateur, engendra une effusions d’œuvres de tout genre dont le sujet principal fut la lutte contre l’obscurantisme et la démarche politique vers un régime démocratique. Les réseaux sociaux ont aidés à la participation de l’art dans le mouvement révolutionnaire : permettant une communication à plein temps, ils sont un moyen efficace pour les artistes de directement toucher les destinataires de leurs messages. Lorsque certains créés des pages Facebook afin de transmettre leurs opinions tel que la caricaturiste du fameux chat révolutionnaire Willis From Tunis Nadia Khiari, d’autre utilise Youtube, site ayant permis à nombreux rappeur de s’exprimer et de partager des idées contestataires qui leurs ont valu pour certain la prison, notamment à Weld el 15 dont le clip « Bouliciya Kleb » ou autrement dis « Les policiers sont des chiens » ayant fait polémique, il a, par ailleurs, suite à cette manifestation de son mépris pour la police tunisienne écopé de 4 mois de prison ferme. Le cinéma est également omniprésent dans le combat contre la dictature, l’intolérance et l’ignorance, en effet le film « Bab el Fella, le Cinémonde » de Moslah Kraiem, censuré à plusieurs reprises a finalement été diffusé le 7 avril 2015. Traitant des « deux dernières décennies du régime Ben Ali, dans laquelle il y'avait une absence totale d'expression ainsi que la mort de toute forme de culture et une perte des valeurs profondes des Tunisiens » il est parfaitement représentatif de la Tunisie sous régime dictatorial. Pourtant l’espoir des artistes et intellectuels d’avoir droit à une pleine liberté d’expression après la révolution se fera bien vite évincer.

Ennahdha au pouvoir, l’expression artistique blâmée.

Le peuple faisant face à des tensions et à une insécurité, une forme de vulnérabilité a pris place et l’atmosphère régnant au sein du pays était propice à l’ancrage de l’obscurantisme et à l’enrôlement de la population afin qu’elle adhère à des idéaux s’opposant finalement à la démocratie, tel que le souhaitait le partie islamique Ennahdha d’abord légalisé le 1er Mars 2011 puis dont le principal allié Moncef Marzouki a été élu au présidentiel de Décembre 2011. L’art fut à se moment précis de l’histoire un vecteur inestimable afin de lutter contre l’ignorantisme et la crise existentielle tunisienne de manière pacifique. Au travers de leurs œuvres les artistes s’expriment, critiquent, et procèdent à l’évolution de toute une société en plein dans une situation traumatique. Néanmoins, après les dogmes instaurées par un gouvernement dictatorial pendant plus de 20 ans, ceux des intégristes prendront rapidement place ce qui engendrera l’exaspération et l’indignation des artistes qui après avoir été confronté à une censure politique, devront faire face au caractère obscurantiste des islamistes dont certain n’hésiteront pas à manifester leur haine envers toute représentation artistique et adopteront des mesures drastiques tel l'attaque du 10 juin 2012 à la Marsa par un groupe d'islamistes lors d'une exposition d'art contemporain (voir http://luttedelart-tunisie.over-blog.com/2016/01/printemps-des-arts-une-exposition-des-plus-percutante-et-violente.html). Au lendemain de la révolution le pays se voit libéré d'un poids de frayeur et submergé par une envie d'expression et de prise de conscience suite aux choquants événements qui ont eu lieu. Finalement cette ouverture d'esprit encourage d'avantage les artistes à continuer et à exploiter leur tout en s'exprimant sans entrave ni limites car le gouvernement ne s'en mêlera plus désormais. Néanmoins un souci nouveau advient : celui de la question religieuse considérant que l’expression artistique est une atteinte aux bonnes mœurs de la société musulmane. Cependant, à l’assassinat politique de Chokri Belaïd commit le 6 février 2013 par un groupe de jihadistes, les artistes s’expriment sans retenu et proclame ouvertement leur lutte contre le mouvement terroriste qui débute, notamment lors de rassemblement dont un organiser en partenariat avec le syndicat des artistes plasticiens, musiciens et dramaturges qui se prononceront au travers d’œuvres qu’ils réaliseront sur à l’instant. Le parti au pouvoir fait dès lors preuve d’incapacité à gérer un pays et Nidaa Tounes, étant le parti opposant, remportera d’abord les législatives d’octobre 2014 avec 86 sièges sur les 217 de l’Assemblée puis son répresentant Beji Caïd Essebsi sera élu à la tête du gouvernement le mois de décembre de la même année.

Le terrorisme, ennemi premier des artistes.

La liberté d’expression se faisant plus accepter sous le régime de Nidaa Tounes et prenant petit à petit le dessus sur l’obscurantisme et la censure, les sujets des œuvres artistes sont moins tourné vers la révolution et la critiques d’un état réactionnaire mais beaucoup plus vers le problème qui se pose actuellement : celui du terrorisme et de l’endoctrinement des jeunes tunisiens et tunisiennes dans le but de la participation au « Jihad » ou autrement dit la « Guerre Sainte ». En effet l’Etat Islamique revendique non seulement les assassinats politique de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, mais également d’autres actes terroristes tel que l’attentat du Bardo le 21 Mars 2015 qui une attaque directe à l’Histoire de la Tunisie, à sa culture et à l’essence même de l’Art. Le réalisateur Nouri Bouzid a d’ailleurs traiter la question de l’enrôlement et la manipulation des jeunes par les groupes terroristes de par son film « Making Off ». Les artistes évoluent avec les questions sociétaires qui s’imposent, le sujet de la Révolution est il dépassé ? Ce qui est certain est que celui de l’obscurantisme est toujours d’actualité bien qu’il est changé d’ordre. En effet, auparavant d’ordre politique, il s’impose maintenant en tant qu’ignorantisme religieux.

Scene du film de Nouri Bouzid « Making Off » avec Lotif El Abdelli dans le rôle principal.

Scene du film de Nouri Bouzid « Making Off » avec Lotif El Abdelli dans le rôle principal.

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