Les assaillants du palais El Abdelliya ont tagués sur ces murs ceci : en rouge "L'Etat tunisien musulman" et en noir "Avec l'autorisation du ministre de la culture, le prophète est humilié".

Les assaillants du palais El Abdelliya ont tagués sur ces murs ceci : en rouge "L'Etat tunisien musulman" et en noir "Avec l'autorisation du ministre de la culture, le prophète est humilié".

Rétrospective : Tunis, Juin 2012, suite à une exposition artistique des émeutes naissent dans le centre et un groupe d’extrémistes saccage œuvres et installations jugées blasphématoires.

« L’art doit être beau mais n’a pas à être révolutionnaire », affirma le ministre de la culture Mehdi Mabrouk suite à l’exposition de la Marsa « Printemps des Arts » qui suscite polémique. En effet du 1er au 10 Juin 2012 le palais El Abdelliya fut transformé en un sanctuaire regorgeant d’œuvres dites blasphématoires et dénonciatrices de certains aspects de la religion qui s’oppose à l’ambition d’une Tunisie laïque et démocratique tel que, entre autres, le peu de considération et d’estime accorder au sexe féminin.

Entre des installations représentant un ring de box au dessus duquel le visage d’une femme voilée fait office de punching-ball, un superman barbu au sourire niais en prenant un autre dans ses bras et un tableau exposant à merveille une femme nue le sexe caché par un plat de couscous avec, derrière, un groupe d’extrémistes religieux dont les barbes s’emmêlent, s’entremêlent et forment un nuage noir qui ne laisse que transparaitre leurs regards avides de cette jeune personne, il est bien difficile d’imaginer que les auteurs ne désiraient qu’un art simplement beau et n’avaient envisagés les conséquences qu’engendreraient leurs œuvres. Et pourtant, Mohamed Ben Slama et Nadia Jelassi n’avaient imaginé des répercutions aussi désastreuses. Et pourtant, cette exposition n’ayant pour but « que » de partager le désir d’un gouvernement laïque, détaché de quelque religion que ce soit, a donné lieu à une centaine de blessés et au saccage du palais El Abdelliya.

Néanmoins, les artistes participants à ce projet ont permis une prise de conscience non négligeable. En effet à l’instar des extrémistes religieux le gouvernement tunisien a émit un avis tranché sur la question : ces œuvres sont une atteinte directe aux bonnes mœurs. Nadia Jelassi a d’ailleurs confié aux Human Rights Watch que, compte tenu de la vague que son installation (voir photo ci-dessous) a provoqué, elle est appelée à se présenter devant la cour de justice afin d’être jugée pour « nuisance à l’ordre publique et atteinte aux bonnes mœurs ». Elle confie avoir le sentiment du retour d’une forme d’inquisition.

Cet événement a marqué les esprits en raison de l’absence totale de la moindre once de laïcité en Tunisie dont l’état fait preuve d’une soumission inébranlable aux dictâtes religieux.

Installation de Nadia Jelassi pour l'exposition "Printemps des Arts", Tunis, Juin 2012.

Installation de Nadia Jelassi pour l'exposition "Printemps des Arts", Tunis, Juin 2012.

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